de Loïc Locatelli-Kournwsky
Mataoka,
fille du chef Powhatan, vient d’épouser, selon la coutume, son promis. Au même
moment, trois navires britanniques abordent la côte Est de l’Amérique. Nous
sommes en 1607 et la vie de Pocahontas, comme celle de tout le continent américain,
vient de basculer…
Pocahontas qui signifie « petite dévergondée »
en algonquin est le surnom que la jeune princesse va recevoir, quand elle sauve
la vie de John Smith, un colon anglais, capturé par sa propre tribu. Tombée
amoureuse de lui, elle finit par être chassée par les siens. Son aventure
l’emmènera au-delà des mers en Angleterre… A travers ce destin hors du commun,
c’est toute la tragédie du peuple amérindien qui se joue. La jeune femme quitte
les siens pour survivre. Elle devra ensuite changer de nom pour devenir
Rebecca, achevant ainsi sa transformation en abandonnant son identité première.
Cette version de Pocahontas est nettement plus
sombre que celle racontée aux enfants par Disney. C’est toute la tragédie de
l’exil et du déracinement dont il s’agit. Persuadée qu’un dialogue est possible
entre les deux cultures, Pocahontas paiera le prix fort de ce qui préfigure la
conquête de l’Amérique et le génocide indien…
Conte désenchanté, ce « Pocahontas »
est aussi d’un grand romantisme. Et au final, on n’est pas sûr que la petite
princesse ait vraiment trouvé la paix et la sérénité. L’épilogue
particulièrement réussi de ce roman graphique évoque un monde où les
« natives » ont perdu tout espace pour vivre et exister.
Le dessin en noir et blanc est renforcé par des
aplats d’ocre jaune qui lui confère un aspect plutôt austère mais qui
correspond bien à ce qu’on peut imaginer des conditions de vie au dix-septième
siècle. C’est la fin d’un monde où la nature est reine, celui des Indiens
d’Amérique. C’est aussi l’avènement d’un monde nouveau, celui des hommes
blancs. L’histoire de Pocahontas, c’est celle de la douleur de ce
bouleversement où il n’y aura aucun retour en arrière.
Fiche
technique
Scénario et dessin : Loïc Locatelli-Kournwsky
Editeur : Sarbacane
125 pages
Grande découverte pour moi! Intérêt supplémentaire par rapport au colonialisme et aussi aux personnes déplacées dans la migration consentie ou imposée. merci pour la découverte de cette nouvelle BD!
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