jeudi 14 mars 2019

TROPIQUES DE LA VIOLENCE


de Gaël Henry
d’après le roman de Nathacha Appanah


Moïse est un bébé Kwassa Sanitaire. Il est arrivé des Comores avec sa mère sur un petit bateau. Il a un œil marron, l’autre vert. Pour sa maman qui n’a que seize ans, c’est l’enfant du malheur. Elle le confie à Marie, infirmière à l’hôpital de Mayotte et disparaît. Marie est blanche. Elle adopte Moïse. La vie s’écoule sans incidents pendant plusieurs années. Mais à l’adolescence, Moïse, qui reproche à Marie de lui avoir volé sa vie, se met à sécher le collège et fait allégeance au chef dʼun gang de jeunes, violents et drogués, qui tiennent Kaweni, le quartier de la misère…
Portrait d’une jeunesse abandonnée par la République Française, le destin de Moïse est dépeint avec un mélange de réalisme et de poésie qui est l’une des marques de Gaël Henry. Moïse est un garçon qui n’a plus de repères. La violence va devenir son mode de vie car à Mayotte, c’est le seul moyen de survivre dans ce quartier en marge de la société.

Le récit est construit en quatre parties qui marquent chacune l’évolution de Moïse. L’auteur porte un soin particulier aux personnages secondaires même si le dessin, comme esquissé à gros traits, nous plonge définitivement dans la tête de Moïse. C’est donc un voyage intérieur qu’on emprunte peu à peu avec le jeune comorien. Cette plongée dans la psyché d’un gamin des rues est assez éprouvante, mais le talent de l’auteur est de ne jamais verser dans le misérabilisme ou l’apitoiement.

Adapté du roman de Nathacha Appanah, Tropiques de la Violence est fascinant et puissant. On ne ressort pas indemne de cette lecture.


Fiche technique
Scénario et dessin : Gaël Henry
Couleur : Bastien Quignon
160 pages / Editions Sarbacane

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