de Vincent
Henry et Gaël Henry
Début du XXème siècle. Le procès d’Alexandre Jacob et de ses camarades se tient au Palais de Justice d’Amiens. Ils sont accusés de plus de trois-cent vols par effraction. Alexandre Jacob qui se définit comme anarchiste-cambrioleur en profite pour transformer les débats en tribune politique.
« En
un mot il m’a répugné de me livrer à la prostitution du travail. La mendicité
c’est l’avilissement, la négation de toute dignité. Le droit de vivre ne se
mendie pas, il se prend. »
Alexandre Jacob,
né à Marseille, embarque très jeune sur des bateaux de commerce. Il fait le
tour du monde et découvre les inégalités et l’exploitation. Revenu en France,
il épouse la cause anarchiste à laquelle il reste fidèle jusqu’à sa mort en
1954. Si Jacob est un voleur, ils ne volent que les riches qui sont du côté de la loi, de l’Eglise,
de la politique et du sang. Et c’est pour « donner aux pauvres » et au mouvement
anarchiste. L’argent va ainsi servir à financer journaux militants, campagnes
politiques…
La
trajectoire de cet aventurier, qui inspira le personnage d’Arsène Lupin à
Maurice Leblanc, est ici restitué avec éclat par Vincent Henry au scénario et
Gaël Henry aux pinceaux. Mais contrairement au
« Gentleman-cambrioleur », Jacob revendique son enracinement social
et son engagement. Le scénario est chronologique. Il est jalonné par les
moments importants de la vie d’Alexandre Jacob… Le procès qui l’enverra au
bagne de Cayenne, constituant un temps fort de l’ouvrage. A chaque péripétie,
chaque épreuve, le personnage est ainsi porté par son combat politique.
Le
graphisme en noir et blanc, qui s’inspire des dessins de presse de la fin du
XIXème, donne au récit tout son relief. Les visages proches de la caricature et
les décors vite brossés s’accordent à l’ambiance de l‘époque et à ce personnage
haut en couleur. L’humour n’est pas en reste. Et on sourit plus d’une fois aux
grimaces du juge qui s’étrangle devant le discours tenu par Jacob quand il
comparaît à la barre.
Le propos
très politique, comme le souligne la citation inscrite sur la quatrième de
couverture « La propriété, c’est le vol ! », résonne encore
aujourd’hui. Et l’histoire de « ces travailleurs de la nuit » depasse
la simple biographie ou le roman d’aventure pour nous immerger dans une la lutte des classes telle qu’elle a pu exister au début du siècle
dernier.
Fiche technique :
Scénario :
Vincent Henry
Dessin : Gaël
Henry
Editeur : Sarbacane
156 pages
J'ai bien aimé effectivement le côté un peu "Le Monde Illustré". Mais j'ai quand même trouvé quelques longueurs dans le récit. Mais c'est peut-être mon côté pas "libertaire" qui a renforcé cette sensation...
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